… La porte s’ouvrit dans un léger râle...
… Doux crissement d’un mocassin feutré sur le parquet …
L’homme se tenait là, dans l’encadrement. Le Commodor eut peine à reconnaitre son vieil ami tant son âge transparaissait sur son visage. Sa mine grave accentuait la couleur grise cadavérique de sa peau. De longs cheveux blancs couvraient à demi son visage.
Une longue seconde s’écoula, lorsqu’enfin, comme surgit de l’au-delà, une étincelle de vie brilla dans les yeux d’Eric Zlug…
« Pardonnez-moi Commodor. Mais entrez donc, ne restez pas dehors… »
Sans mot dire, le Commodor entra. A peine la porte refermée derrière lui, il sentie la fraicheur agréable de la bâtisse. Un esprit serein l’enveloppa tant et si bien que si un grozzlu avait attaqué la maison – à compter qu’il y eut effectivement des grozzlus sur Zaïc – il n’aurait guère été inquiété. Dans le vestibule, la lumière jaunâtre filtrant par les vitraux illuminait de gigantesque peinture murale. De vraie peinture, sans hologramme, totalement figées pour l’éternité et craquelées par les décennies passées. A gauche, un escalier en bois, donc la rampe de bois sombre bien lustrée semblait inviter l’utilisateur à grimper dans les étages. Lui pourtant, pivota à droite, entrant dans un immense salon. Les murs en étaient couverts de rayonnage remplis de livres anciens. Bien qu’il ait déjà vu cette pièce des quantités de fois, il fut à nouveau sous le charme magique de l’ancien temps qui semblait vivre ici au présent.
« D’aucun diront que je suis une pendule à remontoir à l’heure de l’holographique » lança malicieusement Zlug en servant une tasse d’un délicieux café amer fumant qu’il tendit au Commodor.
« D’autres diront que c’est se détachement temporel qui vous rend si bon à comprendre les rouages du monde moderne » répliqua le Commodor. « J’espère que je ne vous dérange point.
_ Non, non. J’étais en train d’écrire un nouvel ouvrage, ‘Du rapport entre les civilisations aux divers époques’. Malheureusement, en sept volumes déjà écrit, il y a encore tant à dire… Je crois savoir que l’empire va mal. Et c’est pour cela que vous venez me voir je suppose.
_ J’ai pensé que vos précieux conseils pourr…
_ Allons droit au but Commodor, nous sommes des hommes de sciences, point des pipelettes se complimentant sur leur nouveau brushing. Quel est la situation de notre bel empire Haathorien ?
_ Heu… Et bien scientifiquement ça va. Nous sommes la civilisation la plus développé de cette galaxie, en tout cas selon nos experts. Nous pensons acquérir des technologies classés niveau 6 d’ici une dizaine d’heure.
_ Bien, bien, rencontrer de nouveaux peuples par delà Firmament sera sans doute intellectuellement très enrichissant.
_ Pour le reste en revanche, rien ne va plus. Certains, comme Krat0s, Isalion, Hiro, et d’autres sous-fifres - encore que je ne sache jamais qui est sous-fifre de qui – attaque jour et nuit notre empire. Ils s’en prennent à nos planètes, tue notre peuple, abat sans raison les vaisseaux Haathoriens. Le peuple en a marre, et les enquêtes de satisfaction, autrefois constante à 100% descendent inexorablement. Aujourd’hui, nous en somme à 99,5-99,6%. Bien sûr le peuple est plus heureux que pratiquement n’importe où dans la galaxie, mais, ce n’est plus le même esprit qu’autre fois.
_ Commodor, ne comprenez-vous pas pourquoi ils s’en prennent à vous ?
_ Que pensez-vous ?
_ La plupart dans cette galaxie sont des militaires. Certains de vos assaillants manient encore la hache et le couteau, ils attaquent à grands renforts de kamikazes. Il s’agit là de l’arme des peuples désespérés dont les combattants sont plus heureux morts que vivants. Avez-vous peur d’eux ?
_ Non, bien sur, la peur de la guerre est pire que la guerre elle-même avez-vous écrit.
_ Exact, et je pense que c’est ce que eux craignent, après ce passage de la Zombra.
_ Mais enfin tout cela est terminé, et puis, rien ne serait arrivé sans le marchand Sondar.
_ Allons, ne jetons pas la croix sur un autre.
_ Bien sur que non, ne pensais juste que … je n’ai fait que fournir de l’argent. Certes il a servit à d’autres pour éradiquer des peuples, mais… D’accord, c’était impressionnant parce que d’un seul coup, mais cet argent a tué moins de personne que les commandants qui m’attaquent durant toutes ces semaines.
_ J’en suis conscient commandant. Mais vous ne pouvez demander à tous de comprendre. Certains profitent de l’occasion pour agrandir leur empire, leur influence. Ils sont grands par la taille de leur empire mais bien petit par la culture et la richesse de leur civilisation.
_ Zlug, j’aimerai qu’ils me laissent tranquilles à présent. »
Le Commodor bu une gorgée du brûlant breuvage noir, fort avec un soupçon de lait, comme il l’aime.
« Zlug, j’aimerai vous soumettre une idée »
...
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